La souffrance est un choix !

 La blessure est le lieu par où la Lumière entre en vous 
 - Rumi -  

Au premier abord, cette affirmation peut faire bondir. Et c’est d’ailleurs ce que je vois dans le regard de mes élèves lorsque je le dis parfois pendant mes cours. Je réagissais de la même manière durant des années. Pour moi, c’était une souffrance de perdre un être aimé, de voir la détresse des autres, d’être malade, d’accoucher, de ressentir mon coeur brisé en mille morceaux, d’avoir une crise d’asthme, de voir mes enfants pleurer… Je séparais ma vie en moments de jouissance et moments de souffrance. C’était plus simple de mettre des étiquettes sur tout, n’est-ce pas.

Et puis, d’abord à travers mon travail d’analyste il y maintenant presque dix ans, puis à travers ma pratique du yoga et les enseignements de mes professeurs, j’ai appris que mettre des étiquettes me rassurait plus qu’autre chose. Mais cela n’arrangeait pas mes soucis, et surtout, n’effaçait pas mon mal-être. J’ai aussi appris que pour évoluer et trouver un début de solutions, il était plus important de se poser les questions, parfois difficiles, ces questions qu’on passe notre vie à éviter, que de juger et de catégoriser. Ces questions ne portent pas sur l’émotion concernée ou ce qui t’arrive précisément, mais plutôt sur toi, et sur la connaissance de soi (le principe de Svadhyaya): de quoi ai-je peur? Où se situe ma colère? Qui suis-je? Est-ce que j’ai tendance à m’identifier avec mes émitions? Les réponses viennent alors naturellement par le corps souvent, et transparaissent comme une évidence. Dès que je mettais un jugement sur une émotion ou une sensation, les etiquettes apparaissaient: triste, bien, mal, douloureux, joyeux etc. Et avec cela, la souffrance de ce qui se passait ou bien de ce qui allait bientôt se terminer.

Au yoga, le plus simple moyen de se rendre compte de cela sont les asanas, ou postures. Lorsque tu entres dans une posture, il est possible que tu ressentes un inconfort (parfois même ce que tu pourrais qualifier de douleur, même si ce n’est pas du tout ce qu’on recherche). Au lieu de la subir et donc d’en souffrir, trouve d’abord un moyen pour faciliter la posture grâce à une variation ou en utilisant un accessoir (brique, ceinture etc.). Puis, accueille cette sensation en respirant longuement en harmonie avec la posture: inspire en ouvrant la posture et expire sur ce qui te demande le plus d’effort dans la posture (torsion, plis, tension musculaire etc.). En fasant cela, tu te concentreras uniquement sur ta respiration et donc sur le moment présent et ressentiras la sensation physiquement. Ici, tu acceptes ce qui est, sans fuire, sans projection. 

C’est à ce moment-là que la souffrance devient acceptation et union avec ton corps. Tu commenceras alors à vibrer, d’abord physiquement, puis subtilement, et à créer au lieu de subir. Maintenant, tu peux transposer ça dans le reste de ta vie. Je prends l’exemple d’un évènement triste. Au lieu de fuire cette émotion par des occupations plus « joyeuses » ou bien par des addictions qui allègent souvent la douleur, je t’invite à rester avec cette émotion triste. Pas en l’analysant sans cesse pour faire tourner les pensées en rond dans ta tête, mais plutôt en respirant profondément en acceptant cette douleur (tristesse) dans ta poitrine. Respire profondément malgré le poids de ton coeur et concentre-toi sur l’air et le chemin qu’il prend dans le corps. 

Sat Nam,

Yoga Sha