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Oser faire le travail 

 

Oser, c'est perdre pied momentanément. Ne pas oser, c'est se perdre soi-même

- Sören Kierkegaard 

      Dans la mythologie indienne, comme dans toutes les mythologies du monde, les divinités sont des métaphores de parties de nous-même. Et il y a dans cette mythologie, l’histoire d’amour du prince Rama et de sa belle princesse, Sita. Un jour, Sita est enlevée par des forces du mal et est emmenée de l’autre coté d’une grande mer, sur une île, et Rama risque sa mort et la perte de son royaume en la traversant pour la sauver. Hanuman, le dieu à la tête de singe, propose alors son aide à Rama et dit qu’il fera un saut gigantesque pour traverser cette mer, affrontera les forces du mal et ramener la belle Sita à Rama. Evidemment, ces personnages n’ont jamais vraiment existé, et la véracité de cette histoire n’est pas ce qui est important. Rama représente la conscience et la raison, le dieu Shiva. Sita est la force créatrice de l’univers, ce qui concrétise nos rêves, la déesse Shakti. Et Hanuman représente le courage, celui qui a peur mais qui y va quand-même; il prend le risque et fait le saut à travers la mer, avec confiance.

      Il y a un mois, j’ai pris la décision de baisser mon temps de travail (rémunérateur et aussi ce qui a été ma carrière ces vingts dernières années) à 50% pour me laisser davantage de temps pour mes études en Ayurvéda (oui, je compte devenir thérapeute certifiée d’ici 4 ans) et à mon métier d’enseignante de yoga. Les risques sont là, ainsi que les peurs, mais je mets aussi le travail qu’il faut pour réussir. J’utilise les outils et la chance que j’ai pour y arriver. Je me concentre sur mes atouts et mes capacités. Je fais le premier pas de ce grand saut. Je commence ce nouvel emploi du temps le 1er novembre 2024.

      Enfin, il y a quelques jours, je discutais avec un ancien camarade des bancs de l’université. Vingt ans se sont écoulés depuis notre dernière rencontre. Nous avons bien évidemment commencé à regarder ce temps passé entre nos 25 ans et aujourd’hui. Que sont devenus nos projets, nos rêves, nos doutes, nos espoirs? C’était parfois vertigineux de comparer tout ça avec notre vie actuelle. Pas trop de regrets et pas forcément de sentiment de satisfaction non plus. Mais il y avait bien un constat: nous n’osons plus rêver et encore moins nous lancer dans la réalisation de nos projets comme avant. Alors oui, nous avons maintenant des responsabilités, des personnes qui dépendent de nous, mais surtout, nous avons des peurs.

      Aujourd’hui, j’ai eu la chance de suivre un cours de yoga avec une professeure superbe et j’étais devant cette image du grand saut. Moi aussi, j’ai retrouvé mon Hanuman. Je suis en train de le faire, avec la peur au ventre mais l’assurance dans le coeur. C’est cette énergie qui me porte à traverser la mer de mes peurs, de mes angoisses et des « et si ». Et si ça ne marchait pas? Eh ben, j’aurais essayé, je tomberai, mon entourage aussi tomberait un tout petit peu. Mais j’aurais essayé. Je serai une femme, une mère qui aurait essayé, sans tout mettre en risque non plus. Juste un peu. Et peut-être-même que mes enfants seront fières de cette décision un jour?

      J’ai commencé cette aventure il y a quatre ans; celle de suivre le chemin de mon âme, de mes envies, de mes tripes. J’ai commencé doucement, à suivre plusieurs formations, à enseigner, à décrocher le statut d’indépendante, à rassembler un cercles d’élèves, à organiser des retraites de yoga et d’Ayurvda, à étudier de manière plus formelles, à travailler beaucoup. Maintenant, à 45 ans, je voudrais que mon mental soit en harmonie avec mes envies les plus intimes. Le plaisir intellectuel seul ne me comble plus. Je ne suis sûre de rien, mais au plus profond de mon être, je sens ce qui est juste pour moi. Et c’est le chemin de l’Ayurveda, du yoga, du partage et de la méditation, du retour vers le grand Tout, vers la paix et vers ma paix intérieure. Je ne veux pas regretter et me contenter de faire ce qui m’importe le plus, uniquement en marge de mes obligations matérielles. Et plus le temps passe, plus je réalise que le plus important dans tout ça, ce n’est pas de réussir ou pas, mais d’essayer et de faire le travail nécessaire pour y arriver.

      Est-ce que tu t’es déjà demandé(e) où était ton Hanuman et ce pourquoi il te serait utile? On le sait tous, au fond, mais la question serait plutôt de savoir à quel point les barrières que l’on se pose sont vraies et solides. Durant ces prochains mois d’hibernation et de retour vers soi, je t’invite à te poser ces questions et de comprendre à quel point tu es en harmonie avec tes envies. Lorsqu’on y arrive à ce point, je réalise qu’il est ensuite plus facile d’être davantage en lien avec son entourage, et c’est, je crois, ce vers quoi on devrait tous aspirer.

      P.S.: Hanuman a ramené Sita à la maison

      Yoga Sha